15 octobre 2008
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Après « Réponse à Perséphone d’hier » Près de chez moi poursuit son analyse du langage. Notre envoyé spécial a été envoyé spécialement, justement, pour enquêter sur les terminologies locales. Il vous livre le résultat de ses pérégrinations.
C’est un endroit de Paris où les mots n’ont pas le même sens.
Il n’y a pas de vieux, là-bas : ce sont des « résidents ».
Les bars et les bistrots, les rades quoi, (fréquentés par notre correspondant aux seules fins de mener l’enquête) s’y appellent des « salons de thé ».
Les pétasses qui se garent en double file avec la grosse voiture allemande de leur mari ne sont pas des pétasses, ce sont aussi des « résidentes ». Et oui, dans ce langage, les mots peuvent avoir un double sens.
Si elles se « garent » c’est pour aller chez l’épicier du coin qu’on appelle ici « traiteur ».
Et quand la voiture est au lavage, « on ne siffle pas un taxi » « nous mandons chauffeur ».
Notons que la voiture peut également être de facture britannique. Quoique même aujourd’hui les « petites » anglaises ont un moteur VW. Et oui mon gars, comme dans ta Polo !
Les banquiers y sont des « gérants de patrimoine » (voire de « fortune » mais ne remuons pas le couteau dans la plaie en ce moment),
et les agences de la Banque Postale, des « family offices ».
Les chiens sont des « toutous ».
Un toutou c’est un peu comme un chien mais en plus petit avec de longs poils permanentés et portant imperméable à col de fourrure dès les premiers frimas.
Comme le chien, le toutou fait popo, comme le chien, il fait partout ! Le popo du toutou pu le Shéba digéré! Toutou pète, pu et pisse donc (c’est son principal point commun avec un canidé)
Les jeunes, et oui il y’en a, beaucoup même, sont… jeunes aussi. On en croise souvent dans la rue vers 17heures en train de promener les toutous des résidentes pour quelque menu piécettes (mot utilisé indifféremment pour les billets de 20 ou de 50).
Ces jeunes sortent parfois, entre jeunes, mais de bonne compagnie !
Leurs teufs s’appellent des rallyes et les plans dragues des « arrangements », d’où les mariages arrangés… C’est souvent la résidente en chef (en général de la génération n+2) qui suggère les arrangements.
Enfin tout ça c’est du temps où j’étais jeune si tant est que j’eusse été concerné un jour.
En tous les cas, je n’ai pas souvenir qu’on est convenu pour moi « d’arrangement ». Parfois ça m’aurait aidé quand même merde !
Le jeune peut aller vivre en banlieue (du moment qu’il rentre le soir) pour ses études. Dans le 7-8 (Jouy-en-Josas) ou le 9-5 (Cergy ) quand on a raté Jouy! Les jeunes à lunettes aiment aussi le 9-1 (Palaiseau) où ils retrouvent d’autres jeunes à lunettes.
Il n ‘y a pas d’impasse, ce sont des « villas », quoiqu’en cul de sac quand même (LV le sac, s’il vous plait).
Les squares y sont des « jardins » et les parcs, un « bois ». Les rues embouteillées (cf. infra, la définition de la « résidente ») s’y appellent des « Avenues ».
Mozart n’y est pas mort et un bon rap à fond de basses dans une Jag’ c’est un « requiem ». D’ailleurs, Skyrock, vous savez la radio dont le patron vit avec plusieurs femmes à la fois, consentantes (salaud) mais qui est en procès pour ça quand même (y a une justice !). Skyrock donc s’appelle « France culture » et NRJ devient « RND » (Radio Notre Dame).
La banlieue c’est le 9-2 et la cité c’est « Neuilly » !
Le périph’ à proximité est étonnement enterré, d’ailleurs, la porte est « Muette ». Il faudrait que j’aille voir du côté de Clignancourt si c’est pareil.
Très peu de noirs, des « boys » ni de beurs (sauf dans les épinards). Pour y avoir glandé un peu (euh pardon, « baguenaudé »), je n’ai pas bien senti qu’on était en crise mondiale.
Même les canettes portent "chignon"…
Colinas